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D’or et de Jais Chapitre 1

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D'or et de Jais tome 1 Andy Whou

Je suis très heureuse de vous présenter les 3 premiers chapitres de ma nouvelle Romantasy MM. Cette histoire se déroule dans une forêt mystique. Loin, très loin du monde des humains…

Merci pour votre soutien. Vous n’imaginez pas à quel point vous m’aider au quotidien !

Bonne lecture ! 😉

Andy

Chapitre 1

Étann

« Vous sortez du Parc naturel de Gymoli,

Mont Roé,

Altitude : 1850 mètres. »

 

La fraîcheur de la fin de journée s’abat sur les hauteurs vallonnées et mes jambes commencent à être douloureuses. Je profite d’une pause pour refaire les lacets de mes chaussures de randonnée. Pourquoi pas boire quelques gorgées d’eau ? Une fois accroupi, une marque au sol attire mon regard… Mes doigts balayent la terre tassée.

Un ours. Il a dû passer ce matin.

Je ne suis pas sûr qu’il soit la réponse à ma mission du jour. Mais ça reste un bon indice.

Après tout, je ne sais même pas ce que je cherche.

Une averse va probablement tomber, car la lourdeur du pétrichor me titille le nez. Ça ne m’arrange pas. Sous la pluie, les traces d’animaux s’effacent et je ne peux pas me permettre de rentrer une nouvelle fois au bureau bredouille.

J’en grogne de dépit. Le début du mois de juin est toujours humide dans la région. C’est le moment pour la montagne de se gorger d’eau pour ne pas étouffer sous le soleil estival. L’odeur de l’océan n’est jamais très loin non plus si l’on sait la distinguer.

Je dois me dépêcher.

Je suis presque à la lisière de la forêt, proche du lac Ilman. Quelque chose me dit que cet endroit reculé me donnera toutes les informations dont j’ai besoin pour comprendre quel animal a obligé un troupeau de brebis entier à se jeter d’un précipice. Sans oublier les deux chevaux retrouvés éventrés dans leur pré, la semaine précédente. Mes collègues n’osent pas s’aventurer trop profondément dans la montagne et je sais qu’ils ne seront pas ravis, considérant que je fais du zèle. Ce sont plutôt eux qui sont feignants et qui ne veulent pas qu’on les dérange dans leur train-train quotidien.

Ce n’est pas comme si on prenait la peine de m’écouter, de toute façon.

Pourtant, le constat est là, la prédation n’a jamais été aussi proche des humains.

Je dois trouver des réponses.

C’est déjà bien assez frustrant de voir que le peu de moyens que l’on a au village ne fonctionnent plus. Les chiens de troupeaux, les bergers armés, les clôtures électriques… Rien. J’ai fait tout ce qui était en mes capacités pour aider. Dorénavant, il nous faut des solutions.

Ours et loup sont mes premières pistes. Notre vallée est un coin préservé et immaculé, mais mère Nature et le climat changent, ce qui fait que les prédateurs recherchent davantage de quoi se nourrir et s’approchent des terres. Il ne s’écoule plus une saison sans que je ne doive recueillir les preuves et traces des animaux sauvages qui grignotent l’espace de l’humain.

Que se passe-t-il ?

Un frisson me traverse l’échine quand je sens une goutte me tomber sur la tête. J’ai une drôle d’impression. La montagne est ma maison. Je la foule et la sillonne depuis mon enfance. Toutefois… j’ai le sentiment que l’on m’épie.

Ne sois pas stupide, Étann. C’est impossible.

Personne ne serait capable d’atteindre ces endroits aussi reculés. Il n’y a pas âme humaine à des kilomètres à la ronde. J’ai dépassé les limites des chemins tracés et guidés des cartes de randonnée. Seuls des marcheurs chevronnés peuvent accéder à cette zone montagneuse… S’ils la connaissent.

Je décide de m’installer ici, en sécurité sous les branches d’un pin qui a probablement le double de mon âge. Je dépose mon sac contre le tronc puis défais le matériel de camping. Ma tente n’a qu’une place, mais demeure très douillette. Je ne dois pas tarder, avec l’arrivée de la pluie, si je ne veux pas dormir trempé.

Aïe.

Un des arceaux s’échappe de la toile et m’entaille la joue. Ce n’est qu’en y portant ma main que je sens le liquide chaud sur mes doigts. Ouais, je saigne… Heureusement, j’ai glissé ma trousse de secours dans mon sac avant de partir.

Une branche craque derrière moi et je me retourne si vite que je manque de chuter. Je lorgne les arbres aux alentours. Toujours rien.

Ai-je rêvé ?

Un bruit au loin me prouve le contraire et m’arrache un second sursaut, comme un cri, étouffé dans la densité feuillue.

Qu’est-ce que c’est ?

Je dégaine mon couteau de ma ceinture et me plaque contre le pin qui me surplombe. Je tourne autour et reste à l’affût, la main levée. Le craquement des branchages qui se brisent me serre le ventre. Que se passe-t-il, bon sang ? Le crépuscule naissant ne m’offre que très peu de luminosité. Mon cœur s’emballe. Si c’est un ours, il faut que je quitte les lieux immédiatement. Mon arme ne me servira à rien. Mais les ours ne fréquentent que très peu ces zones, ils n’ont aucun intérêt à rest…

Un autre bruit.

À l’est, cette fois. Je tourne la tête. Je suis partagé entre l’envie de fuir en abandonnant mes affaires là, ou rester ici et ne plus bouger, laissant le prédateur passer son chemin.

Dans les deux cas, il va falloir se décider, et vite.

Je serre le couteau à m’en faire blanchir les doigts. Cela m’évite au moins de trembler. Il me semble entendre une cavalcade lourde et suave se répercuter sur le sol et la terre. Je ne baisse le regard qu’une seconde pour voir celle-ci frémir quand un grognement effroyable déploie un frisson d’horreur dans tout mon corps. Devant moi, un énorme loup noir, digne des terrifiantes légendes que mon père me racontait petit, court dans ma direction. La peur me tétanise.

Je n’ai pas le temps de l’observer davantage ni de réagir que mon flanc est soudain arraché. Un hoquet m’échappe. Le sang baigne mes vêtements et l’animal disparaît alors que je m’affale contre l’arbre.

Comment a-t-il pu approcher si vite ? Je ne l’ai même pas vu faire, alors que j’étais sur mes gardes.

Mon couteau . Ma vision se trouble et je ne sais plus si c’est la pluie ou la peur qui me guide vers les ténèbres. Mon épaule plie sous les crocs qui viennent cette fois de disloquer l’os dans un bruit insupportable, qui s’accompagne d’un cri que je ne me rends pas compte avoir poussé. La mare de sang s’agrandit. Mon souffle se bloque dans ma gorge et j’ai l’impression que celle-ci gonfle.

La douleur est intolérable et déferle dans tous mes membres tel un poison ardent. Je dois m’enfuir, essayer de faire au moins un pas, mais mon corps ne répond plus. Je cherche mon air. Je demeure contre l’arbre, laissant le venin acide se répandre dans chaque recoin de mon être. Je suis tout de même pompier volontaire, je sais réagir à une situation d’urgence.

Cours, putain !

C’est ma seule chance ! Mes lèvres grelottent et ma poitrine supporte tout juste les saccades qui la traversent. Quand j’arrive enfin à me concentrer pour implorer de l’aide en regardant autour de moi, je suis seul. Pourtant, mes yeux s’écarquillent de stupeur lorsqu’un homme d’une chevelure noir corbeau s’extirpe des feuillages. La totalité de mon corps m’adjure de tout faire pour m’enfuir. L’instinct de survie probablement. Mais le regard sombre et froid que j’ai en face de moi me glace le sang. Ma vision est altérée, et les yeux de la bête se superposent à ceux de cet homme. Ils brillent de la même lueur sauvage. La douleur s’accentue et cette nouvelle vague de souffrance m’arrache un hurlement.

Je vais mourir. C’est terminé. Un genou à terre, je ne peux m’empêcher de lever la tête vers le ciel pour quémander son salut. Mais je suis en pleine montagne et tout le monde sait bien que celle-ci donne tout autant qu’elle reprend. Elle est impitoyable. J’ignore pour quelle raison, mais, soudain, tous mes regrets et les non-dits que j’ai toujours échoué à exprimer oppressent ma poitrine. Ou peut-être est-ce le manque d’air ? Je ne peux m’empêcher de penser à mon père, car il est le seul qui s’inquiétera de ne pas me voir rentrer. Mais il sera trop tard…

Papa, je suis désolé…

Quand elles arrivent, j’accueille les ténèbres non sans soulagement, le fantôme d’un animal sauvage me guettant sans relâche.

 

 

 

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D'or et de Jais tome 1 Andy Whou

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